Alexandre-François CAMINADE

 (1783-1862)

Portrait D’Aglaé Charlotte Lefèbvre De Laboulaye, Assise dans un paysage (1817)

Huile sur toile, non rentoilée , Signé et date à droite : Caminade/1817.
Porte au revers la marque du marchand de toiles : Etienne Rey (1761-1834) – 46 rue de l’Arbre-Sec. Paris. Dans son cadre en bois sculpté d’origine.


Dimensions : 179 cm 130,5 cm ; Sc 205 cm x 160 cm Ac


Notice d’œuvre :

Resté dans la famille du modèle, cet ambitieux portrait représente, à l’âge de vingt-six ans, Aglaé Charlotte Julienne Lefèbvre de Laboulaye. Fille de Charles-Julien Martinon (1759- ?) et de Marie-Anne Jallabert ( ?-1803), la jeune femme naît à Paris le 19 août 1791. A dix-neuf ans, elle épouse Auguste René Lefebvre de Laboulaye (1779-1824), chef de bureau à l’administration des droits réunis et régisseur de l’octroi de Paris, le 16 mars 1810. Leur mariage est célébré religieusement, le jour suivant, à l’église Saint-Roch dans le Ier arrondissement de Paris. Cette union est, sans aucun doute, vivement encouragée par leurs pères, possédant tous deux une charge de notaire dans le quartier du Châtelet. Lorsqu’Alexandre-François Caminade reçoit la commande de ce portrait, Aglaé Charlotte Julienne Lefèbvre de Laboulaye a déjà donné naissance à deux garçons, Edouard et Charles, âgés respectivement de sept et quatre ans. Le portrait peint retranscrit parfaitement l’éclatante jeunesse de son modèle et la quiétude de cette jeune mère de famille à l’avenir radieux.

Assise sur un rocher recouvert de mousse, Aglaé Charlotte Julienne Lefèbvre de Laboulaye est représentée au milieu d’une nature hospitalière. Pour complimenter la personnalité de son modèle, le peintre a choisi des fleurs des champs apparaissant au printemps. Au premier plan prospèrent marguerites jaunes et pâquerettes, symboles de l’attachement tandis qu’à ses pieds, une touffe de violettes rend hommage à l’humilité de la jeune femme et à la profondeur de ses sentiments. Une lueur printanière baigne la scène. Le bruissement des arbres transparait à travers l’ombre des feuillages sur le tronc du chêne remplaçant habilement la colonne antique des portraits


d’apparat. Le tableau s’ouvre sur un cours d’eau qui semble séparer, pour un temps, la jeune femme de son environnement le plus proche, un village signalé au loin par le clocher d’une église. Il est question pour Alexandre-François Caminade d’offrir un portrait idéalisé de la jeune parisienne fortunée rappelant par sa formule comme par l’habillement le portrait de l’Impératrice Joséphine peint par Pierre Paul Prud’hon (1805). Le peintre s’inspire du modèle assis dans un cadre vertical, libérant l’espace pour la peinture du paysage. Aglaé Charlotte Julienne Lefèbvre de Laboulaye porte elle aussi une robe décolletée de soie blanche rehaussée d’un châle rouge à motif de cachemire. Servant à masquer les épaules dénudées, le châle en cachemire est un accessoire luxueux indispensable à toutes femmes de l’élite parisienne. Alexandre-François Caminade s’attache à peindre les nuances chromatiques des étoffes blanches (ruban et robe de soie, dentelles et gants de peaux), comme des bijoux (boucles d’oreilles en perles baroques et diadème d’or blanc) se détachant sur la peau de la jeune femme. La finesse d’expression du visage d’Aglaé Charlotte Julienne Lefèbvre de Laboulaye ainsi que le soin apporté aux accessoires sont emblématiques des portraits peints par Alexandre François Caminade.


Après la nomination de son époux au grade de chevalier de la légion d’honneur en 1821, l’ascension sociale de la famille Lefèbvre de Laboulaye est interrompue par sa mort prématurée en 1824. Aglaé Charlotte Julienne se remarie, le 24 octobre 1831, à l’Eglise de Saint-Louis-en- l’Ile avec Alexandre François Pierre Jean Le Noble. Veuve pour la seconde fois, elle décède à son domicile, rue d’Hauteville, âgée de 76 ans, le 14 avril 1867.

La famille Lefèbvre de Laboulaye est passée à la postérité grâce au fils aîné d’Aglaé, Edouard Lefèbvre de Laboulaye (1811-1883), né le 18 janvier 1811, au 17 rue Portefoin, dans le quartier du Marais.


Après des brillantes études, il poursuit ses multiples centres d’intérêts en devenant homme politique (il est élu député puis sénateur inamovible), professeur de droit et administrateur du Collège de France. Il est l’auteur de nombreux ouvrages, brochures et articles spécialisés. Americanophile, il publie une Histoire des Etats-Unis en trois volumes (1862-1866) et adopte des positions antiesclavagistes pendant la guerre de Sécession. C’est au cours d’un dîner célébrant la victoire de l’Union sur les états sécessionnistes, en 1865, dans sa résidence de Glatigny près de Versailles, réunissant, en autres, le sculpteur Auguste Bartholdi, Oscar du Motier de Lafayette, le comte Charles de Rémusat dont l’épouse née Pauline de Lasteyrie du Saillant était une petite-fille de Lafayette, et Hippolyte de Tocqueville (frère de l’auteur de la 

Peintre Français ; il esDémocratie en Amérique), t qu’une commémoration de l’amitié franco-américaine est envisagée pour la première fois. Edouard Lefèbvre de Laboulaye lance une souscription et préside le comité de l’Union Franco-Américaine pour la réalisation d’une statue monumentale représentant La Liberté éclairant le peuple l’élève de Japar Auguste Bartholdi. La Statue de la Liberté csera érigée en 1886 dans la baie de New York, trois ans après la mort de son plus fervent défenseur.


Jusqu’à la date d’exécution de notre tableau en 1817, le peintre Alexandre-François Caminade n’a présenté aux Salons parisiens que des portraits de la noblesse française. Formé parmi la dernière génération des élèves de Jacques-Louis David, rénovateur du portrait moderne, et de Léonor Mérimée, notre artiste s’en fait le spécialiste. Il reçoit une médaille de 2e classe en 1812 récompensant son talent de portraitiste. Au Salon de 1817, il décide de diversifier sa production en présentant une peinture religieuse affectée à l’église de Notre-Dame-des-Champs (Peintre d’histoireRepos de la Sainte Famille lors de la fuite en Egypte) qui inaugure une longue série de commandes de la ville de Paris pour orner ses églises (Saint-Médard, Saint-Etienne-du-Mont, Saint-Gervais-Saint-Protais, Saint-Nicolas-des-Champs, Notre-Dame-de-Lorette, Saint-Eustache). Son chef d’œuvre est le décor de la chapelle de la Vierge de l’église Saint-Etienne-du-Mont (1831-1839).


Alexandre François Caminade s’est également qualifié dans le genre de la peinture d’histoire. Jeune peintre, il reçoit une médaille d’or avec le rang de premier médailliste pour un concours de l’Académie et obtient le second grand Prix de Rome en 1807 pour son  et dThésée vainqueur du Minotauree sujets . Les œuvres d’Alexandre François Caminade se distinguent par leur dessin sûr et leur doux coloris. Il fait partie des peintres réputés, sous la Restauration puis la Monarchie de Juillet, à qui l’on confie de prestigieuses commandes et d’importants décors. Il est choisi pour réaliser la réplique du portrait de Charles X en costume de sacre religieu(musée de Besançon) d’après l’œuvre de François Gérard. Il peint le portrait en pied de la duchesse d’Angoulême x, il (Versailles, Musée National du Château) dont il existe une réplique autographe en buste au musée du Louvre. Agée de 49 ans et coiffée d’un diadème orné de plumes, le portrait représente Madame Royale, fille de Louis XVI, nièce de Louis XVIII et de Charles X, avant de devenir par son mariage sa belle-fille en 1799. Pour cette période, on distingue les quatre figures allégoriques peintes par Alexandre- François Caminade datant de 1826 pour servir de dessus-de-porte à la troisième salle du Conseil d’Etat au Louvre (Numa, Moïse, Justinien, Charlemagneest aussi un por), un grand tableau destiné à la décoration du salon des messagers d’état au Palais du Luxembourg (Le chancelier Michel de L’Hôpital remettant les Sceaux à Charles IXtraiti) pour la somme extraordinaire de 8.000 fr. en 1840. Les œuvres de ce gigantesque chantier de rénovation du palais sont signées Eugène Delacroix, Hippolyte Flandrin ou encore Paul Delaroche. Enfin, pour le grand projet de musée de l’Histoire de France des roi Louis-Philippe, il reçoit la commande d’une dizaine de portraits, copies et travaux de restauration.ste sensible.


Notre tableau réalise la synthèse des qualités de la peinture d’Alexandre-François Caminade. Il reflète particulièrement bien sa maîtrise du portrait et son intégration dans le paysage coïncide avec ses incursions encore méconnues dans ce genre (Villa musée Montebello, Trouville-sur-Mer). La réussite éclatante du Portrait d’Aglaé Charlotte Julienne Lefèbvre de Laboulaye réside dans le sentiment d’intimité qu’il éveille entre le modèle et son spectateur.



Musées : Musée des Beaux-Arts de Lyon ; Amiens ; Autun ; Avignon ; Saint-Etienne ; Semur ; Strasbourg ; Troye.

Châteaux de Versailles :

  • (Portrait de Marie-Thérèse de France, Duchesse d'Angoulême (1827)
  • Portrait de Françoise-Marie de Bourbon (1834),
  • Portrait de Louise-Anne de Bourbon-Condé (1840)
  • Portrait de Louis V Joseph de Bourbon-Condé, Prince de
  • Condé (1841)
  • Portrait de Jacques Alexandre Law, Marquis de Lauriston (1835)...


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